J’assistais récemment à un congrès dans la région de Toronto, lequel regroupait les principaux organismes voués à l’intégration des francophones en Ontario. Durant l’événement, j’ai eu une pensée pour Denise Bombardier dont la question « Existe-t-il une vitalité francophone à l’extérieur du Québec ? » a suscité beaucoup de remous un peu partout au pays.
Madame Denise Bombardier aborde aussi la question de l’immigration francophone qui pourrait venir grossir les rangs des francophones hors Québec. À ce jour, aucune province n’a réussi à atteindre les cibles fixées par le gouvernement fédéral pour l’immigration francophone.
Un déclin pourtant bien réel
Pas convaincu du déclin de la francophonie hors Québec ?
Au Canada hors Québec, la part de la population s’exprimant en français à la maison est passée de 4,3 % en 1971 à 2,3 % en 2016. Cela signifie que, pendant que la population du Canada (hors Québec) augmentait de près de 72 %, celle des francophones hors Québec diminuait de plus de 8 %, creusant un indéniable gouffre de décroissance des francophones.
Les Franco-Ontariens représentent en nombre absolu la plus grande communauté de francophones du Canada après celle du Québec. Pourtant, nous ne sommes que 4,1% de la population, d’après le recensement de 2016.
Les solutions
Il serait intellectuellement malhonnête d’affirmer que les Gouvernements du Canada et de l’Ontario ne font rien pour renverser la tendance. Au niveau fédéral, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a mis en place le programme de mobilité francophone, permettant notamment d’obtenir un permis de travail plus facilement. De plus, 50 points supplémentaires sont octroyés aux francophones dans le cadre du programme de l’Entrée express.
L’Ontario n’est pas en reste. La province a mis en place un volet Travailleurs qualifiés francophones permettant à la province de sélectionner des immigrants francophones dans le cadre de son programme des nominés. Malgré ces mesures, l’immigration francophone demeure insuffisante pour croître.
Le principal problème est le manque de visibilité à l’étranger.
En immigration comme en affaires, le marketing est important. L’Ontario doit vendre ses mérites aux immigrants francophones directement à la source. Québec est la seule province à réellement déployer des efforts importants à ce niveau. Lorsque nous participons à divers événements de promotion de l’immigration en France notamment, seul le Québec est toujours présent.
L’Ontario a beau compter sur de nombreux organismes voués à l’intégration des francophones, sans de plus grands efforts de promotion à l’étranger de l’Ontario comme destination pour les immigrants francophones, le nombre d’immigrants de langue française risque de demeurer ce qu’il est actuellement, assurant un déclin de notre poids démographique.
L’événement Destination Canada est un excellent exemple de promotion de l’immigration francophone à l’étranger. Il s’agit d’un événement annuel organisé par le gouvernement du Canada à Paris et à Bruxelles qui permet de mettre en contact des employeurs et des institutions canadiennes avec des candidats francophones qualifiés.
Ce type d’initiative doit être plus fréquent un peu partout dans la francophonie. Pour cela, il faut un budget et un travail de coordination entre le Gouvernement de l’Ontario et les divers organismes et villes francophones.
On pourrait imaginer un salon de l’immigration francophone en Ontario dans les principales villes francophones du monde. Un beau projet qui ne demande qu’à être lancé…
Par Marc-André RANGER, Parajuriste et Associé chez Immétis