Le PEQ en pause, le PSTQ en action : 248 élus, et beaucoup de recalés
PSTQ : Me Natacha Mignon réagit aux premières invitations
Le 17 juillet 2025, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) a tenu promesse : les premières invitations dans le cadre du Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ) ont bel et bien été envoyées. Une bonne nouvelle, certes. Mais pour les milliers de candidats laissés en suspens depuis le moratoire sur le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), l’enthousiasme est tempéré.
Le PEQ, longtemps considéré comme la voie royale des francophones vers le CSQ, est désormais gelé jusqu’au 30 novembre 2025. En 2022, il représentait près de 14 000 CSQ délivrés, soit environ la moitié des sélections annuelles. Autant dire que sa mise en pause a laissé un vide béant.
PSTQ plus sélectif
Le PSTQ, censé prendre le relais, se veut plus sélectif, plus stratégique. Et les chiffres du 17 juillet le confirment : seulement 248 invitations ont été envoyées, toutes catégories confondues. On est loin des volumes du PEQ.
Le volet 1 du PSTQ, activé pour la première fois, a ciblé 216 personnes :
Pour espérer faire partie des heureux élus, il fallait : occuper une profession de catégorie FEER 0, 1 ou 2, avoir au moins 12 mois d’expérience récente, maîtriser le français à un niveau oral 7+ et écrit 5+, être diplômé du Québec, résider au Québec, et surtout, obtenir un pointage d’au moins 768 points.
Autrement dit, si vous êtes ingénieur logiciel diplômé de Polytechnique, avec un français impeccable, un CV béton et un score Arrima qui frôle la perfection, vous aviez peut-être une chance.
Pour les autres, il faudra patienter… ou viser plus haut.
Le volet 4, réservé aux « talents d’exception », a vu 22 invitations partir :
Pour y accéder, il fallait avoir un avis positif d’un partenaire du MIFI ou un accomplissement reconnu, justifier de 36 mois d’expérience dans les cinq dernières années, et, dans certains cas, être titulaire d’un doctorat.
En clair, si vous avez publié dans Nature, remporté un prix international ou révolutionné un secteur, vous étiez peut-être dans la short list. Sinon, passez votre tour. Le PSTQ ne plaisante pas avec l’excellence.
Les régions ?
L’un des objectifs affichés du PSTQ était de mieux répartir l’immigration sur le territoire québécois. Pourtant, aucune donnée n’indique si les régions ont été favorisées dans cette première ronde.
Les candidats de Sept-Îles, Val-d’Or ou Rimouski devront donc attendre pour savoir si leur localisation joue en leur faveur… ou si Montréal est resté le centre de gravité.
Une sélection trop étroite ?
Ce premier tirage, bien que symbolique, soulève une question de fond : que deviennent les milliers de travailleurs qualifiés qui ne rentrent dans aucune de ces cases ?
- Les préposés aux bénéficiaires ou les opérateurs de chantiers, pourtant essentiels, mais classés FÉER 3 ?
- Les candidats francophones à l’étranger, sans diplôme québécois ?
- Les travailleurs expérimentés, mais sans pointage suffisant ?
Le PSTQ, dans sa forme actuelle, semble conçu pour une élite étroite et hautement qualifiée. Si le MIFI a tenu sa promesse en lançant les invitations, il reste à voir comment il entend élargir l’accès à la sélection permanente sans recréer une file d’attente invisible. Car ce n’était pas l’objectif annoncé lors de la suspension du PEQ.
Le ministère avait alors affirmé vouloir mieux arrimer l’immigration aux besoins du marché du travail, favoriser une répartition régionale plus équilibrée et mettre en œuvre un système plus transparent et prévisible.
Or, les premiers résultats du PSTQ donnent plutôt l’impression d’un concours d’excellence, où seuls les mieux outillés — ou les plus chanceux — peuvent espérer franchir la ligne d’arrivée.
Le Québec veut attirer les meilleurs talents ? Très bien. Mais encore faut-il définir ce que l’on entend par « meilleur » — et surtout, ne pas oublier ceux qui, sans doctorat ni 768 points, font tourner l’économie au quotidien.
Attendons donc les prochaines invitations pour voir comment le PSTQ répond à ses propres promesses.