Montréal, ville d’avenir malgré les vents contraires de l’immigration
En 2025, alors que le Canada et le Québec resserrent leurs politiques migratoires, Montréal continue de briller. Forte de son dynamisme économique, de sa diversité culturelle et de son rayonnement académique, la métropole québécoise demeure l’une des villes les plus attractives d’Amérique du Nord. Comment expliquer cette résilience dans un contexte de restrictions croissantes à l’immigration?
Un moteur économique qui ne ralentit pas
Malgré les incertitudes économiques mondiales, Montréal confirme son statut de destination de choix pour les investisseurs étrangers. En 2024, Montréal International a recensé 2,72 milliards de dollars d’investissements directs étrangers, répartis sur 59 projets majeurs, générant plus de 4 790 emplois. Fait marquant : le salaire annuel moyen pour ces postes s’élevait à 105 439 $, un indicateur fort de la qualité des emplois créés.
Ces investissements se sont principalement orientés vers des secteurs d’avenir tels que les technologies propres, la décarbonation et les énergies renouvelables, avec une présence notable d’investisseurs en provenance de France, séduits par l’écosystème vert et innovant de la métropole.
En parallèle, les entreprises locales, confrontées à des défis persistants de main-d’œuvre, misent sur l’innovation technologique, l’automatisation et un recrutement international plus ciblé pour maintenir leur compétitivité sur la scène mondiale.
Une ville universitaire sous pression, mais toujours en tête
Montréal conserve son statut enviable de première ville universitaire du Canada, attirant chaque année des milliers d’étudiants internationaux. En 2024, environ 74 000 permis d’études ont été délivrés au Québec, dont une large majorité pour des établissements montréalais tels que McGill, l’Université de Montréal, Concordia et l’UQAM.
Ces étudiants, originaires de plus de 150 pays, jouent un rôle clé dans la vitalité intellectuelle, la recherche et l’innovation de la métropole. Ils représentent environ 12 % des résidents non permanents au Québec, contribuant à la diversité et à la dynamique économique de la ville.
Cependant, cette attractivité est désormais confrontée à un resserrement des critères d’octroi des permis d’études, mis en place par le gouvernement fédéral en 2024. Ces mesures visent à mieux encadrer la croissance rapide du nombre d’étudiants étrangers, mais elles suscitent des inquiétudes dans le milieu universitaire, notamment quant à leur impact sur le financement des institutions et la compétitivité de Montréal à l’échelle internationale.
Malgré ces contraintes, les universités montréalaises redoublent d’efforts pour maintenir leur rayonnement, en misant sur la qualité de l’enseignement, la recherche collaborative et des partenariats internationaux stratégiques.
Une immigration permanente en recul, mais une présence temporaire en forte croissance
En 2024, le Québec a accueilli 59 500 immigrants permanents, un chiffre en baisse par rapport aux années précédentes, principalement en raison de quotas plus stricts imposés par le gouvernement provincial. Cette réduction s’inscrit dans une volonté politique de mieux contrôler les flux migratoires permanents, notamment pour des raisons liées à la capacité d’intégration linguistique et aux services publics.
En parallèle, le nombre de résidents non permanents a atteint un niveau record de 616 600 personnes au 1er janvier 2025, soit une hausse de plus de 100 000 en un an. Cette croissance rapide est portée par l’arrivée importante de travailleurs temporaires, d’étudiants internationaux et de demandeurs d’asile, qui comblent en partie les besoins criants de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs clés.
Toutefois, cette dépendance accrue à l’immigration temporaire soulève des enjeux importants : précarité du statut, accès limité aux services publics, et intégration à long terme incertaine. Montréal, en tant que principal pôle d’accueil, doit donc jongler avec ces réalités complexes. Pour répondre à ces défis, la ville et ses partenaires misent sur plusieurs leviers :
– Le recrutement international ciblé, notamment dans les domaines de la santé, des technologies et de la construction ;
– La francisation accélérée, pour favoriser l’intégration linguistique et professionnelle ;
– L’accompagnement à l’intégration, incluant des services d’orientation, de reconnaissance des compétences et de soutien à l’emploi.
Le secteur manufacturier sous tension : entre pénurie et rétention
Le secteur manufacturier, pilier de l’économie montréalaise, fait face à une pénurie de main-d’œuvre particulièrement aiguë. En 2024, plus de 21 000 postes y demeuraient vacants au Québec, affectant surtout les PME, qui peinent à rivaliser avec les grandes entreprises pour attirer et retenir les talents.
Près de 60 % des manufacturiers ont dû refuser des contrats ou réduire leur production, faute de personnel. La rétention des travailleurs étrangers temporaires devient un enjeu critique, les démarches d’immigration permanente étant souvent longues, complexes et incertaines. Cette instabilité pousse certains travailleurs à quitter le Québec pour des provinces offrant des perspectives plus stables. Pour contrer cette tendance, il devient essentiel de simplifier les parcours vers la résidence permanente!
Dans ce contexte, les entreprises misent sur l’automatisation, la formation continue et une meilleure reconnaissance des compétences étrangères pour assurer leur pérennité.
Une attractivité qui transcende les frontières
Malgré les vents contraires, Montréal continue de rayonner sur la scène internationale. Sa capacité unique à conjuguer innovation technologique, diversité culturelle et qualité de vie en fait bien plus qu’une simple métropole : c’est un véritable laboratoire urbain du XXIe siècle.
Alors que les politiques migratoires se resserrent, la ville devra faire preuve d’agilité pour préserver son dynamisme. Cela passera par une meilleure intégration des talents temporaires, une valorisation accrue de la francophonie inclusive, et une gouvernance urbaine tournée vers l’avenir.
Mais une chose demeure incontestable : Montréal fascine, inspire et attire. Et tant qu’elle continuera à miser sur l’humain, la créativité et l’ouverture, elle restera une ville d’avenir — au-delà des frontières et des conjonctures.