Fin du « tour du poteau » : quelles conséquences pour les travailleurs et leurs employeurs ?
La fin du tour du poteau au Canada, une pratique bien connue des résidents temporaires, est survenue le 24 décembre 2024. La fin de cette pratique, pourtant annoncée il y a quelques semaines, a pris de court de nombreux résidents temporaires et leurs employeurs. Bon nombre d’entre eux pensaient en effet renouveler leur permis de travail par un « tour du poteau », plutôt que par la voie classique de la demande en ligne. Dans ce contexte, quelles sont les alternatives ? Immétis fait le point.
Le tour du poteau : c’est-à-dire ?
Le « tour du poteau » ou « flagpole » en anglais, est une procédure utilisée par certains résidents temporaires au Canada, comme les travailleurs étrangers et les étudiants internationaux, pour renouveler ou modifier leur statut d’immigration. Elle implique de sortir temporairement du Canada, souvent en traversant la frontière avec les États-Unis sans réellement y entrer, puis de revenir au Canada pour obtenir directement un nouveau statut.
Faire un tour du poteau était perçu comme une alternative aux délais de traitement des demandes déposées en ligne. Pour les demandes soumises depuis l’intérieur du Canada, ces délais sont actuellement d’environ six mois.
Cependant, cette pratique relevait davantage d’une flexibilité accordée par les autorités que du processus classique à suivre.
Pourquoi le Canada a-t-il mis fin au tour du poteau ?
La décision de mettre fin au tour du poteau repose sur différentes raisons, telles qu’évoquées par les autorités.
La principale est la surcharge des postes frontaliers entre le Canada et les États-Unis. Déjà fortement sollicités, ces derniers devaient gérer un flux supplémentaire de personnes effectuant le tour du poteau. Ce phénomène perturbait les opérations normales et allongeait les temps d’attente pour les voyageurs. Au cours de l’année 2024, le Canada avait d’ailleurs introduit l’obligation de prendre rendez-vous pour effectuer un tour du poteau, afin de mieux gérer ces flux.
Les autorités souhaitent également mieux optimiser les ressources allouées à l’immigration. La volonté est ainsi d’encourager les ressortissants étrangers à suivre les procédures habituelles pour demander, ou renouveler, un statut temporaire. Les demandes à la frontière sont historiquement pensées pour les nouveaux arrivants au Canada. Notamment avec la possibilité de se voir délivrer un permis de travail ou d’études à son arrivée à l’aéroport.
Toutefois, face au nombre important de résidents temporaires qui ont renouvelé leur statut via cette pratique par le passé, le Canada pourrait proposer une solution alternative similaire. Notamment, la mise en place de centres administratifs sur le sol canadien pour traiter les demandes présentées directement en personne a été envisagée.
Quelles conséquences de cette fin du tour du poteau?
Pour les résidents temporaires
La suppression de cette pratique entraine différents enjeux pour de nombreux résidents temporaires, qu’ils soient travailleurs étrangers, étudiants internationaux ou visiteurs. Désormais, ils doivent obligatoirement soumettre leurs demandes en ligne via le processus classique. Les délais de traitement, estimés à environ six mois, risquent de s’allonger significativement en raison de l’augmentation du volume de demandes.
Pour les ressortissants dont le statut expire avant l’approbation de leur nouvelle demande, la situation est souvent délicate. Bien que le statut « maintenu » ou « conservé » leur permette de rester au Canada, il empêche toute sortie du territoire avant l’approbation. En cas de sortie, le statut « maintenu » est perdu. De plus, il ne garantit pas systématiquement l’accès à certains services publics : assurance maladie ou prestations d’emploi par exemple. Chaque situation est examinée au cas par cas, ajoutant une incertitude supplémentaire pour les individus concernés.
Pour les employeurs
Les entreprises canadiennes, notamment dans les secteurs dépendants de la main-d’œuvre étrangère, font également face à des défis importants. L’allongement des délais de traitement des permis de travail retarde l’intégration des nouveaux employés. Dans certains cas, il peut également complique la gestion des ressources humaines.
Face à l’impossibilité de renouveler un permis de travail de manière immédiate, les employeurs doivent planifier avec soin l’expiration des statuts de leurs travailleurs étrangers. Idéalement, les demandes de renouvellement doivent être initiées au moins huit mois avant l’échéance. Cela permet d’anticiper les délais administratifs et éviter les pertes de statut. Pour les permis limités à 12 mois, cette exigence oblige, de fait, les employeurs à prendre des décisions rapidement.
La multiplication des démarches de renouvellement génère également des coûts supplémentaires, auxquels il convient de faire face.
Anticiper : la clé du succès
L’anticipation est un élément clé pour réussir son parcours d’immigration dans sa globalité au Canada.
Dès son arrivée au Canada, il est recommandé de se renseigner sur ses options pour y demeurer après son statut initial. Cette planification permet d’anticiper toute expiration ou perte de statut. Tout comme de se préparer au mieux à l’ensemble des démarches en lien. Pour les ressortissants temporaires, cela signifie notamment de soumettre leurs demandes dès qu’ils y sont éligibles. Les candidats doivent également s’assurer que leurs documents sont complets et conformes aux exigences.
Cette planification peut se faire avec l’expertise d’un professionnel en immigration. Son rôle consiste à identifier les meilleures options d’immigration. Les professionnels peuvent également prendre en charge l’intégralité de la préparation des démarches, maximisant ainsi les chances d’approbation.
Pour les entreprises, l’anticipation passe par une gestion rigoureuse des échéances, et une communication constante avec leurs employés étrangers. Identifier les besoins futurs en main-d’œuvre, prévoir les renouvellements bien à l’avance et suivre l’évolution des politiques d’immigration est essentiel. Là aussi, l’aide d’un expert peut simplifier le processus et permettre d’identifier des solutions de rétention de la main-d’œuvre étrangère.
Une approche proactive permet de limiter les risques liés aux délais administratifs, tant pour les résidents temporaires que leurs employeurs.